ARCHIVES

Vous trouverez ici des documents relatifs aux événements organisés par l'A2IP ainsi que des textes et documents précédement publiés sur le site.

 

 

19 septembre 2021: « Du blasphème à  la pensée critique »

 

On s’efforcera de la définir, de retracer son origine et son existence dans les domaines où la croyance n’a pu laisser place au processus de connaissance et au dialogue.

Existe-t-il toujours une intentionnalité transgressive pour celui qui l’énonce ou le commet ? Quelle est alors la visée de cette transgression et pourquoi le blasphème se substitue-t-il à la critique argumentée privilégiant l’appel à l’ironie et à l’effet comique ?

Quelles sont alors les conditions requises pour que le récipiendaire du supposé blasphème le dénonce comme tel ? Le non-respect d’une règle dont on ne reconnait pas la légitimité peut-elle constituer à elle seule un blasphème ? Doit-on prendre en considération le fait subjectif de se sentir bafoué dans ses valeurs comme une situation apte à définir le blasphème ?

Plus généralement quelles sont les visées tant du blasphémateur que de celui qui le reçoit comme tel et s’en clame la victime ? Que répondre au dialogue de sourds où l’un oppose sa liberté d’expression et l’autre le respect de ses valeurs ? A quelle volonté de domination et à quelles craintes cette situation répond-elle de part et d’autre et comment peut-elle faire exploser une violence sous-jacente ?

 

Blasphemy

 

We aim to define it, to trace its origin and existence in areas where belief has not been able to give way to the process of knowledge and to a subsequent dialogue.

Is there always a transgressive intentionality for the one who states or commits a blasphemy? What is the aim of this transgression and why does blasphemy replace the argumentative criticism favoring irony and comic effect?

What are the conditions for the recipient of the supposed blasphemy to denounce him as such? Can the failure to respect a rule whose legitimacy is not recognized constitute blasphemy on its own? Should we consider the subjective fact of feeling violated in one's values as a situation capable of defining blasphemy?

More generally, what are the aims of both the blasphemer and the one who receives him as such and claims to be its victim? What can be said about this deaf talk where one opposes his freedom of expression and the other the respect due to his values? To what will of power and to what fears does this situation respond on both sides and how can it provoke the explosion of an underlying violence ?

 

VOIX ET VISIONS - LES SAMEDIS DE TOPIQUE -  9 DECEMBRE 2018 

EVENEMENTS PASSES

Réinsertion professionnelle et  sante mentale              Samedi 6 Octobre 2018 Bruxelles

Education et Auto-historisation en France et en Israël-Palestine - Les samedis de Topique           15 septembre 2018 PARIS 

Colloque International à Istanbul: De la lettre d'amour au texto 

Colloque: Les Violences Faites aux Femmes, 27/01/2018 

Colloque: Autour de l'oeuvre de Sophie de Mijolla-Mellor, 9 décembre 2017

Colloque: Evaluer la souffrance psychique, Le samedi 25 Novembre 2017

Colloque: L'animal de Compagnie, 16 septembre 2017

Avignon, Juin 23-25, Protester, Contester, Construire. Colloque International Bilingue 

Paris, Samedi le 26 Novembre, Approches du Conformisme 

Incapable de penser par lui-même, tel se veut le conformiste, et donc, prétend-il incapable de nuire….Cette incapacité lui est payée de retour par le soutien du groupe auquel il aliène sa capacité de penser. Le conformisme constitue donc un danger considérable sous ses dehors apathiques et anodins. Sur le plan éthique, il peut réduire à zéro le sens de la solidarité humaine, faisant de la foule un objet dangereux et incontrôlé parce que manipulable à volonté.

Paris, Samedi le 1er Octobre,  Les activités physique et sportives dans l'espace éducatif

Quelles solutions face au décrochage des jeunes

 

Le sport est un phénomène social omniprésent qui peut se décliner sous différentes formes. Parle-t-on de sport éducatif, de santé par le sport, du sport comme performance, comme loisir ou encore comme spectacle ?

 

Les morales antiques recommandaient de cultiver un esprit sain dans un corps sain faisant de la gymnastique le complément nécessaire de l'enseignement. Où en sommes-nous aujourd'hui ? De la gymnastique éducative au sport éducatif, quels sont les processus subjectifs permettant l'épanouissement du sujet et comment le sport est-il vecteur d'internalisation des interdits et de socialisation ?

 

Que permet-il d'une canalisation ou d'une sublimation des pulsions ? Des dynamiques éducatives par le sport existent qui l'utilisent en vue de l'insertion de jeunes désocialisés et de la prise en charge de femmes victimes de violences familiales et sociales. Peut-on pour autant considérer que l'investissement libidinal des sujets au sein des diverses pratiques sportives nous permette d'affirmer la valeur éducative voire curative du sport ?

Paris, le 6 février 2016,

Les Samedis de l'A2IP: La Destruction Fanatique de l'Art

Sur les attentats du 13 novembre 2015

Paris, le 13 novembre 2015

Infant-Parent Disturbance Theory and Therapy

Theodor REIK ou les interactions entre Psychanalyse et Criminologie

Informer ou comprendre ?

 

L’acte terroriste paralyse l’entendement car il nous confronte à l’horreur de la violence jointe à l’asensé du hasard. Il nous faut pourtant lui donner un sens pour ne pas être submergé par l’angoisse. Nous sommes certes « informés » et la scène d’horreur est décrite ou montrée dans son ampleur, chiffrant le nombre de tués et de blessés, dans un anonymat qui nous invite à nous représenter que nous aurions pu y être, que demain nous pourrons en être. Le 13 Novembre 2015, même si l’acte meurtrier a pu sembler frapper au hasard, les cibles étaient cependant choisies pour des raisons symboliques. Etait visée  l’image d’une jeunesse qui n’est pas soumise aux ordres et aux restrictions d’une idéologie aliénante et qui n’est pas non plus habitée par la haine générée au nom d’idéaux totalitaires. L’angoisse sourde ou ouverte en saisit alors plus d’un de devoir se penser comme la victime potentielle de personnes de leur âge qui les condamnent froidement à mort sans les connaitre au seul motif qu’ils jouiraient  de la vie. Perspective d’autant plus incompréhensible quand ils sont pris à contre-pied de leurs propres idéaux de partage et d’ouverture vers l’autre.

Comment parvenir à comprendre de tels actes ?  S’ils nous interpellent avec cette force qui nous contraint à nous sentir concernés, même s’il ne s’agit pas de nos proches, c’est parce que deux séries contradictoires viennent s’y heurter : D’une part, la portée hautement signifiante du geste qui s’inscrit dans une histoire et une idéologie et, derrière elle, dans une réalité économique et financière où tous les coups sont permis. D’autre part et à l’inverse, l’absence de signification concernant la victime dont le sort a tenu non pas à elle mais aux circonstances et  dont la mort est pourtant nécessaire aux meurtriers pour que l’acte terroriste prenne existence. On ne peut cependant pas, dans ce cas, parler de sacrifice au sens où la destruction de l’un détournerait la violence d’un autre qui en serait primitivement le destinataire. La victime ne se substitue pas à une autre, elle est pur instrument pour que de la violence advienne et s’affirme.

Faute d’être compris, l’asensé de l’acte terroriste exige de ce fait de pouvoir être réduit par la représentation, ce qui peut malheureusement aussi servir ses objectifs car, à travers une cible spécifique, il vise une action beaucoup plus étendue. Par le récit et par l’image, la panique provoquée sur le lieu de la destruction du fait de l’information va s’étendre de manière démultipliée, ce qui sert  son but qui n’est pas ponctuel mais sur le long terme. Il s’agit en effet de provoquer une déstabilisation sociale et politique en profondeur par le suspense de la menace d’une récidive et donc l’instauration d’un état de vigilance et de tension. Cette communication relayée par les réseaux sociaux constitue un maillon indispensable de l’action terroriste car, pour parvenir à son but, celle-ci doit pouvoir toucher le maximum de personnes, qui devront se sentir simultanément comme des rescapés en sursis («J’aurais pu y être...») et comme de futures victimes potentielles. L’ information limitée à l’événement relaie donc involontairement l’action terroriste, la diffuse et lui assure ainsi son efficacité car, retransmise en temps réel ou presque, la destruction s’affiche sur tous les écrans mais simultanément les véritables mécanismes restent dans l’ombre. Il est pourtant nécessaire de tenter de comprendre les enjeux économiques et politiques véritables de ces massacres et de ceux qui les commanditent lesquels ne sauraient être confondus avec les jeunes endoctrinés, manipulés  et finalement utilisés  comme chair à explosifs. Savoir que la prétention à la légitimité des  actes de ces derniers s’étaye sur le besoin de reconnaissance et sur la quête identitaire qui va pousser à tuer et à être tué n’est qu’un aspect très partiel de la question.

Reste le chagrin et l’angoisse à partager, sans fin comme s’il fallait user le traumatisme en le répétant encore et encore. On dirait qu’il faut se rendre maitre de ce processus de clivage qui s’installe pour celui qui n’en est pas la victime directe face à l’acte terroriste. On pourrait le décrire ainsi : Tout d’abord l’ identification à la victime, la compassion au sens fort du terme. Mais aussi l’identification à une vision «d’en-haut», qui est un mécanisme de défense contre la précédente et, de manière inconsciente, contre une identification à l’acte de l’agresseur. Car, si je ne suis pas victime, qui suis-je et comment ai-je échappé ? Comment m’assurer que je ne suis pas coupable puisque je ne suis pas l’agressé ? La matérialisation de l’attaque, grâce à l’image, opère la relance de ces identifications complexes et clivées. Tant qu’il y a représentation et tant qu’il y a matière à parcourir la distance qui sous-tend l’opération identificatoire, c’est que la catastrophe n’a pas atteint le sujet. Il lui faut alors, encore et encore, s’en réassurer.

Pour tenter d’avancer dans un processus de compréhension cohérent et responsable il nous faut sortir de l’émotion et engager une remontée à l’amont portant non sur les motivations personnelles des acteurs des faits mais sur les visées de leurs véritables auteurs, ceux qui ont préparés ces derniers, les ont aguerris et finalement les ont envoyés au meurtre et au suicide.

 

Sophie de Mijolla-Mellor

 

 

Analyser les processus de départ au Djihad des jeunes adultes

 

A l'heure où le gouvernement engage davantage  la France dans la guerre au terrorisme  et donc l’identification des jeunes " radicalisés " pouvant devenir terroriste, je souhaite attirer l'attention sur le danger de définir ces jeunes du lieu strictement de leur fonction au service de Daesch qui est de semer la terreur. Ne les entendre que de ce lieu ne peut entraîner qu'une escalade aveugle de la répression et de l'affrontement en retour avec ces mêmes jeunes. Si de fortes mesures policières et judiciaire sont nécessaires, elles ne peuvent pas par elles même permettre de comprendre à quoi ces jeunes adultes, en particulier des jeunes hommes en arrivent à de tels actes de destruction pour eux-mêmes et pour les autres.

 

Ce travail de compréhension au sens de l'effort de penser l'impensable est important pour continuer à accueillir tous les jeunes dans une dynamique d'accompagnement .Cette position de " témoin - interprète " est difficile à tenir face à de tels auteurs de meurtres, pourtant c'est une des conditions pour tenir ensemble notre démocratie et trouver des alternatives à la spirale sécuritaire de la répression.

 

Le travail  que je mène  avec la PJJ dans le cadre de la formation de ses professionnels  pour interroger la notion de radicalisation et ouvrir à des nouveaux modes d'intervention éducatif m'a conduite à identifier  des parcours- processus qui conduisent les jeunes à devenir des kamikazes de Daesch prêts à perdre leur vie pour des mirages de paradis. En effet il ne suffit pas de passer les portails internet de Daesch pour devenir Kamikaze, c'est la résultante d'un processus. Actuellement j'ai identifié plusieurs idéaux types de parcours - processus : les parcours d'emprise sectaire qui touchent particulièrement des jeunes filles, souvent solitaires, souhaitant s'engager pour " réparer le monde"; ces jeunes filles souvent ne sont pas de confession musulmane et le deviennent au cours de ce processus, c'est un des moments d'entrée dans cette " fraternité" qui les mènera pour certaines d'entre elles à rejoindre physiquement Daesch. Ce processus est très différent de celui de jeunes comme ceux du quartiers de la Meinau à Strasbourg partis en quête d'héroïsme et de recherche de confrontation au risque de la mort souvent soutenus par leurs amies fières de leur héros potentiel. Cet héroïsme est proche de celui  que j'analyse dans les meurtres des jeunes entre eux. Le regard du groupe et des jeunes filles y occupent un rôle très important. Aujourd’hui, il existe dans des quartiers où je travaille un début de démystification de cet héroïsme et de ce qu'ils signifient, le retour de jeunes de Daesch y contribue.

 

La dynamique des frères Kouachi, lors des attentats de janvier a davantage à voir avec un désespoir total, un non futur où seule la position de martyr confère la certitude d'une vie pleine de gratitudes au-delà. Ces jeunes sont plus âgés, ils ont pour certains des parcours importants dans la délinquance et en prison, ils ont déjà construit une distance avec la société dans ses normes quotidiennes. Ils appartiennent à des groupes qui partagent cette expérience. De fait, le nombre de ces jeunes pouvant s'inscrire dans ce processus augmente car pour ces derniers il y a peu d'alternatives sociales .Lors d'une  formation avec les cadres de la PJJ à  la Martinique, j’ai eu la confirmation d'un autre processus identifié précédemment, il s'agit de jeunes qui sont acceptés à l'armée mais dont le comportement ne convient pas et qui ne finissent pas leur intégration. Certains d'entre eux partent alors à Daesch dans un dessein de " fraternité guerrière «.

 

L'exposé rapide de ces processus montre que pour accompagner ces jeunes, les aider à quitter ces processus qui les mènent tous à la mort, il est nécessaire d'être à l'écoute de leur singularité et important  de leur conférer du sens, pour ceux qui les vivent et les agissent. J’ai construit ces idéaux types en rencontrant différentes situations et des pédagogues qui par leurs observations ont pu être témoin - interprète, et parfois interlocuteur direct de ces jeunes. Je pense à ce collectif d'habitants, de professionnels ,de responsables associatifs, de jeunes  qui réunit environ une soixantaine de personnes au quartier de la Meinau à Strasbourg qui collectivement travaillent à comprendre ces dynamiques et à développer une présence auprès des jeunes pour être vigilant avec eux et avec leur famille pour qu'ils prennent d'autres chemins que celui des conduites ordaliques des sirènes de Daesch. Cette mobilisation de la société civile, rendue possible par un travail collectif sur le quartier d'une trentaine d'années indique tout l'intérêt de développer des intelligences collectives pour dépasser la sidération et la peur pour certains parents de leurs  propres enfants.

 

 Joëlle Bordet, psychosociologue, membre de l’A2IP

 

 

Le 13 Novembre 2015 les membres de l’A2IP étaient réunis au milieu des deux jours de colloque en anglais organisés avec nos collègues américains sur les troubles précoces de la relation parent/enfant et leurs conséquences ultérieures. Moment de rencontre international chaleureux avec des collègues venus aussi de Turquie, de la Guadeloupe, du Liban…

 

Nous avons souhaité donner la parole à nos jeunes collègues psychologues cliniciens qui ont organisé avec nous cet événement parce que c’est leur génération qui s’est trouvée principalement victime. Plusieurs d’entre eux habitent à proximité et ce sont aussi des lieux familiers transformés par la violence et des voisins dont ils sont aujourd’hui en deuil.

 

Nos amis américains ont manifesté immédiatement leur solidarité et nous joignons un bref échange de mails qui en témoigne.

 

Ce vendredi 13 Novembre vient effracter une génération entière qui jusqu'alors se pensait protégée des cruautés inhérentes aux actes de guerre.

 

Les attentats de 95 nous semblaient bien loin malgré les reviviscences engendrées par Charlie Hebdo en janvier dernier jusqu'à ce que nous entendions cette nuit-là résonner dans nos rues les bruits de kalachnikovs et de bombes humaines, audibles pour beaucoup depuis nos fenêtres.

 

Les terribles récits des survivants accompagnés des images vidéos de leur calvaire nous illustre que trop bien, l'effroi soudain du réel de la mort décrit par Ferenczi qui vient fragmenter l'appareil psychique et déborder les ressources internes jusqu'alors mobilisable.

 

Angoisse, deuil et trauma reviennent massivement au cœur des problématiques actuelles depuis que l’horreur humaine est venue s'insinuer dans le quotidien sécure des parisiens, effaçant le plaisir auparavant associée à des lieux de vie symbole de liberté, d’insouciante et de convivialité fraternelle.

 

Mais si l'identification aux victimes n'a rarement été aussi prononcée en tant que psychanalystes, psychiatres, psychologues, il nous incombe à présent malgré nos propres affects de participer à travers nos pratiques et nos réflexions à remettre en mots l'innommable, à repenser, l'impensable pour accompagner nos semblables dans cette période malheureusement propice aux décompensations psychiques.

                                                                                                                          Caroline Saupique

 

 

Après la tragédie du vendredi 13 novembre 2015, qui prendra sa place dans l’histoire en s’accordant aux représentations de la destruction et de la terreur, je sors d’un état de sidération.

 

Pour ma part, c'est la première fois que j’ai été confrontée de si près à la destructivité humaine, dans sa forme concrète, crue, et prenant pour cible les jeunes de ma génération. Certains d’entre nous avaient pensé assister au concert en question,ou avaient dîné au restaurant concerné la veille des événements.

 

L’ombre de la terreur que nous avons vécue plane depuis sur chacun d'entre nous. Nos discussions, nos rêves et nos cauchemars en sont marqués, de même que notre sentiment de sécurité. Il est très difficile d’élaborer ce vécu, qui nous passivise.

 

Une violence brute nous a frappés. Nos représentations, notre système de perception ont été mis à mal. Comment cet évènement tragique va-t-il nous influencer dans l'avenir ? Comment va-t-on faire l'expérience de cette douleur, dans notre corps et dans notre esprit ? Il me semble que l'on ne l'oubliera pas : la psychanalyse nous montre comment la violence d'un événement "oublié" peut se transmettre d'une génération à l’autre, pour se rejouer sans arrêt.

 

En tant que jeune psychologue clinicienne,face à cette barbarie qui nous laisse sans parole, je vois de l’espoir dans le sentiment de solidarité qui augmente à Paris depuis le vendredi 13. C’est par ce sentiment de solidarité d'une part, et par la créativité d'autre part,que nous pourrons sortir de ce vécu de sidération et continuer de vivre.

 

En tant que psychologue, nous devons nous préparer à rencontrer les répercussions de ces évènements dans les prises en charges thérapeutiques. Notre rôle sera d'aider à nos patients à remettre en marche dans leur appareil psychique ce que le traumatisme y aura immobilisé, cristallisé.

 

Simruy Ikiz

 

 

Après l’angoisse des premières minutes est venue une longue nuit, ponctuée par plusieurs appels et messages échangés avec les amis proches et la famille et par les infos diffusées par la télévision en temps réel. A cette nuit se sont suivi deux jours dans une stupeur un peu étrange, une angoisse diffuse et fatigante, combinée à une pesanteur mélancolique. L’identification accrue aux victimes - cela s’est produit dans mon quartier et dans des lieux que je fréquente - a donné à ces actes terroristes un caractère trop réel, brisant la distance affective par laquelle je me protège habituellement face à ce type d’événement.

 

Et puis est venu le spectacle désolant des récupérations politiques, des mesures sécuritaires et des sursauts guerriers. Le temps des réactions affectives spontanées commence à s’écouler, mais le temps de la réflexion tarde à venir. La France, pays où j’ai choisi de vivre surtout en fonction de sa vie intellectuelle, peine à se récupérer du choc de cette attaque meurtrière, et se laisse emporter dans une espèce de mouvement défensif qui n’est pas sans rappeler celui des Etats-Unis après le 11 septembre 2001.

 

Le fracas des bombes que les Rafales larguent sur Raqqa noie, pour l’instant, les quelques voix qui nous rappellent que le terrorisme islamique est la face obscure de la globalisation. Les esprits éclairés par une conscience historique qui font valoir que ces tragédies sont, dans une certaine mesure, l’héritage du (néo)colonialisme et l’effet collatéral du néolibéralisme triomphant semblent très timides face à ceux qui prônent, ouvertement ou pas, la guerre des civilisations et la stigmatisation de « l’étranger ». Ceux qui se rendent compte que la « guerre contre la terreur » a en effet nourri les idéologues d’organisations comme l’Etat islamique (qui nous fait presque regretter Al-Qaïda), ces gens-là semblent ne pas encore avoir le courage de le dire haut et fort à ceux qui saluent la décision de négocier avec Bachar el-Assad pour éradiquer la menace terroriste ou à ces jeunes gens qui ont fait doubler le nombre de volontaires s’engageant dans les forces armées depuis quelques jours.

Dans les médias, nous avons entendu beaucoup de Parisiens qui bravent la peur et affirment qu’ils « ne vont rien changer » à leur mode de vie. Je salue leur courage et leur esprit de défi face à l’intégrisme, mais je préférerais que nous changions. Ou tout au moins que nous mettions en question notre mode de vie, pour comprendre dans quelle mesure et par quels mécanismes il produit des meurtriers comme ceux qui nous ont frappé ce vendredi. Je crains que sinon nous serons obliger de nous adapter à des tragédies comme celle du 13 novembre 2015, ne serait-ce que pour les rendre moins traumatiques, sachant qu’elles deviendront inévitables.

 

Bien entendu, un des meilleurs endroits au monde pour discuter de tout ce qu’il faudrait changer est une terrasse parisienne, autour d’un verre.

 

Pablo Bergami G. Barbosa

 

 

Dear colleagues in Paris,

 

Our thoughts and deep concern are with you at this time of senseless terror and carnage. I’m relieved to know that the conference participants were not involved and that the conference will go on. But I know that the tragedy will be deeply felt as you continue to explore the ways in which psychoanalytic thought and therapy can benefit the young and their families.

Je suis désolé, pour vous et pour Paris –

 

Norman A. Clemens, MD

President, The American College of Psychoanalysts

 

 

Dear friends and colleagues,

 

Thank you Dr Clemens for your kind and heartfelt message. I personally agree with you that these terrorist actions which spread over death must be for us an even stronger incentive for thinking their causes and meanings as it  is, as psychoanalysts, our possibility for action.

We will therefore continue to reflect, meet and work about the origins  of such a violence and not reject the question with emotional judgments like “Barbary”, “Evil” or consider that it is a matter of religion or even of cultural incompatibility.

Our scientific meeting in Paris about the early disturbances between parent and children has tackled many causes of suffering with the consequences which follow for the children when they are not prevented and cured. When this results later into rage, we know that the young adults these children have become will easily be offered a way to alienate and to sacrifice themselves together with murdering others in the name of a new form of fascism.

If on a political level we are clearly facing a situation of war with all its consequences, we may nevertheless still hope that what we have learnt from recent history in Europe about the vicious circle between humiliation/destruction can be of some use for stopping future candidates living in France to engage themselves into murderous bloody martyrdom.

I am very sorry that our American and Swiss colleagues have had to go through such a traumatic ambience in Paris and I deeply thank them, in the name of the A2IP,  for their support together with my strong congratulations for the high scientific level of their communications.

With warm regards.

 

Sophie de Mijolla-Mellor

Athènes, le 23 mai 2015

De la part de Daniella Angueli, Dr en Psychologie, représentante en Grèce de l’Association Internationale  Interactions de la Psychanalyse (A2IP)
Panagiotis Kostaras, Psychiatre, Psychothérapeute, Psychotraumatologue, Directeur du « Centre Hellénique de Thérapies et de Formation Psychodynamiques », membre A2IP
 
 
Le 23 mai 2015 nous avons eu le plaisir d’accueillir au Centre Hellénique de Thérapies et de Formation Psychodynamiques la présidente de notre « Association Internationale Interactions de la Psychanalyse » le Pr Sophie de Mijolla-Mellor, lors d’une conférence qui a eu lieu au sein de notre séminaire « Crime et Paranoïa ». Les thématiques développées par le Pr Mijolla-Mellor lors de sa conférence étaient multiples et avaient trait tant à la définition de la paranoïa elle-même à laquelle elle a consacré un ouvrage en 2007 (Mijolla-Mellor, « La paranoïa », Paris, PUF, Que Sais-je ?) qu’à une approche clinique du meurtre paranoïaque (Mijolla-Mellor, « La mort donnée- Essai de psychanalyse sur le meurtre et la guerre », Paris, PUF, Quadriges, 2011).
Le séminaire regroupait de nombreuses personnes d’horizons interdisciplinaire– Psychologues, Psychiatres, Agents judiciaires, Procureurs et d’autres spécialistes – qui ont posé des questions ayant trait à leur propre expérience et notamment à la difficulté de trouver la bonne place de l’expertise et plus généralement sur la manière de trouver la complémentarité entre la logique juridique et la logique psychanalytique. La conférencière a abordé ces divers questionnements qui relèvent aussi bien de la psychopathologie clinique que des impasses auxquels se confrontent très souvent les agents judiciaires dans leur métier difficile, étant d’une part obligés de dire le droit, de « rendre justice » et étant d’autre part confrontés aux aspects les plus extrêmes de la psychè.
Cette rencontre nous a révélé le grand intérêt éprouvé pour des questions qui relèvent du domaine de la Psychopathologie Clinique et de la Psychanalyse par rapport à la pratique Judiciaire et nous a amenés à la décision d’organiser en janvier 2016 une Journée Internationale sur le sujet « Violences intra-familiales. Au carrefour de la Psychanalyse et de la Justice ».
Nous remercions chaleureusement le Pr Mijolla-Mellor pour l’honneur qu’elle nous a fait, pour la vitalité avec laquelle elle nous a incités à des projets d’avenir et des rencontres, pour son positionnement collégial auprès de nous et pour son amitié.
 

09-05-2015

 

 

On était nombreux et quelque peu serrés ce samedi 9 Mai pour écouter les conférences qui se sont succédées pour parler des prescriptions sexuelles faites par les religions… Nos intervenants, Fayçal Abdallah, Esmat Torkghashghaei, Lina Cohen, Henri Cohen-Solal, Fawzia Tazdaït, Christian Bazantay, Soraya Ayouch et Saïd Bellakhdar,  nous ont conduits de l’Assyrie du 18e siècle avant JC au catéchisme catholique aujourd’hui en passant par Zarathoustra, La Torah, les Pères de l’Eglise et les versets du Coran. Un programme intense qui a quand même laissé un peu de place aux débats et qui nous conduira l’an prochain vers un numéro de la revue Topique auquel vous êtes invités à soumettre vos propres texte sur cette approche nouvelle de

la question entre religion et sexualité qui ne passe plus par les interdits mais par les prescriptions. 

Dakar,le 19 décembre 2014

Colloque Interdisciplinaire Dakar 2014

Race, identité et mondialisation

Photos du colloque

Photos du colloque "Le Développement de l'enfant vu par la psychanalyse aux Etats-Unis et en France"

Compte rendu du colloque "Le Développement de l'enfant vu par la psychanalyse aux Etats-Unis et en France", publié sur la newsletter de l'American College of Psychoanalysts.

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